Fabriquons nos peinture : La peinture à l'œuf ou tempera

Fabriquons nos peintures : La peinture à l’œuf ou Tempera

Les fabrications de peintures naturelles sont très en vogue ces dernières années.

Ce billet vous explique comment fabriquer de la peinture à l'œuf aussi appelée tempera.

 

 

 

 

La tempera, kesako ? 

A l'instar de la caséine du lait (une protéine) que l'on étudiera plus tard, la lécithine contenue dans l'œuf est un liant  parfait pour fabriquer sa peinture. Entres parenthèses, je vous rappelle que sans liant, les pigments, qui ne sont pas solubles dans l'eau (à l'inverse des colorants) couleraient dans le fond du récipient et une fois l'eau évaporée, ne serait pas fixée au support. D'où la nécessité absolue d'adjoindre un liant pour la fabrication d'une peinture. 

La singularité du jaune d'œuf, c'est que c'est un liant à la fois gras et maigre car il a la particularité d'être émulsifiant... l'œuf est une émulsion grasse à l'eau et c'est d'ailleurs cela qui nous permet de faire une bonne mayonnaise maison. Bref, sans entrer dans les détails de la chimie ou de la cuisine, en peinture, on a exploité cette faculté.

 

 

 

L'auteure

Suite à des vacances dans le Lubéron, je suis tombée sous le charme des massifs ocriers à Roussillon.

J'ai en outre visité le petit conservatoire des ocres qui propose des mini stages. 

 

 

Dans l'Antiquité, les "artistes" l'avaient déjà compris mais la véritable heure de gloire de l'œuf dans la peinture, c'est durant l'Empire byzantin avec les fameuses icônes jusqu'à l'époque des primitifs italiens. Côté Empire romain d'occident, on l'utilisait également pour la réalisation des enluminures. notamment. Elle était surtout utilisée en tempera grasse à la colle de peau. Sa fabrication se faisait en toute petite quantité à la fois pour deux raisons : elle ne conserve pas une fois préparée et elle sèche excessivement vite.

Son nom "tempera" est resté inchangé depuis cette époque où l'on s'exprimait en latin et signifie mouiller, détremper (un pigment).

 

 
 

 

 

 

Enluminure à la tempera, détail

 

 

 

Après une transition d'environ un siècle, la tempera est supplantée par l'arrivée au XVème siècle de la peinture à l'huile, plus facile d'utilisation, non cassante, et permettant des techniques jusque là impossibles.

 
 

 

 

 

La fabrication de cette peinture est à envisager avec un peu de jugeotte, il faut faire de toutes petites quantités à la fois et est réservée pour de toutes petites œuvres. Une fois sèche, elle est irréversible mais permet donc la technique de superposition.

Consommables :

Pigments, jaune d'œuf, eau, huile essentielle de lavande ou thym. Dans ce cas de figure, l'huile essentielle porte doublement bien son nom, si vous ne voulez pas expérimenter l'odeur de l'œuf en décomposition, n'hésitez pas à en utiliser !

Matériel :

Couteau à broyer, plaque de marbre ou de verre, un récipient avec système de fermeture.

Recette pour la tempera maigre :

Prendre un œuf cru et séparer le jaune du blanc (l'albumine s'utilise aussi en peinture mais laissons ça de côté pour le moment). Percer la membrane du jaune.

Mélanger un petit tas de pigment avec de l'eau, jusqu'à obtention d'une pâte. Ajoutez un peu de jaune d'œuf, aux environs de la même quantité que le pigment et 4 gouttes d'huile essentielle. Quand vous obtenez une pâte bien onctueuse, votre peinture est prête.

 
 

Tempera sur bois    

    Simone Martini, l'annonciation des offices  an 1333, détail

 

Commentaires

  • Chambord58
    • 1. Chambord58 Le 30/09/2019
    Encore un beau sujet dont je suis toujours admiratif Rosa

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